Les quatre visages de l’émigration espagnoleTrès médiatisée, la fuite des cerveaux est anecdotique face au retour des migrants dans leur pays d’origine. Il y a aussi les Espagnols qui auraient mieux fait de rester, sans compter ceux dont c’est l’argent qui n’aurait pas dû émigrer...
- Un chômeur espagnol quitte Séville pour Munich, en juin 2012. REUTERS/Marcelo del Pozo. -
«Je m’appelle Javier del Rey, j’ai 24 ans, j’ai étudié les télécommunications. J’ai cherché du travail mais je n’ai rien trouvé. Je vais devoir apprendre l’anglais et sortir du pays pour espérer trouver un emploi.» Les jeunes diplômés espagnols n’ont pas encore fini leurs devoirs: une fois leurs études bouclées, ils devront désormais partir tenter leur chance ailleurs pour ne pas finir sous le toit des parents à vivre de leurs allocations retraite, comme témoigne Javier del Rey dans une vidéo d’El Pais.
Le slogan de la plateforme d’indignés Juventud sin futuro, «Si tu finis tes études en Espagne, tu as trois débouchés: par terre, mer ou air», résume un sentiment partagé chez les Espagnols: l’émigration est devenue une fatalité, dans un pays où un jeune âgé entre 15 et 24 ans sur deux est au chômage. En 2011, pour la première fois depuis des lustres, le taux d’émigration a dépassé celui d’immigration, avec un solde de 55.626 personnes.
Cette tendance au départ, conjuguée à la hausse persistante du taux de chômage et aux prévisions d’une récession économique sans fin, conforte un discours pessimiste sur la fuite des cerveaux. Déjà, les comparaisons fusent avec les vagues d’émigration qui ont marqué l’histoire de l’Espagne: Galiciens et Andalous en Argentine et en Algérie au XIXè siècle, Républicains en France au XXè, puis émigration économique en Suisse et en Allemagne dans les années 1960. La différence tiendrait juste au fait que la «nouvelle émigration espagnole» concerne une génération qui ne part pas occuper des chantiers mais des laboratoires scientifiques et des cabinets d’architectes.
1. Fuite des cerveaux? «On ne part pas, ils nous virent»
«L’heure de faire ses valises?», demande El Pais, dans un article qui livre tous les trucs et astuces pour une émigration professionnelle réussie. Pendant ce temps, la télévision de service public livre dans son émission «Aqui hay trabajo» («Ici, il y a du travail») les meilleures adresses et conseils aux Espagnols qui cherchent à partir travailler en Allemagne et le pure-player lainformacion propose un deal à ses...
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