Le système des retraites est mort, apprenez à faire les poubelles en prévision de vos vieux jours !
par Bernard Dugué (son site) mardi 14 mai 2013
Cela fait bien des années, depuis la décomplexion de l’ère post-communiste et ce qui pudiquement s’est appelée la dérégulation, ou la mondialisation, ou l’ultralibéralisme, ou je ne sais quel vocable pour éditocrate pressé, oui, des années que ce système des retraites par répartition, que l’on croyait inébranlable et surtout juste et équitable, s’est progressivement délité. Certes, ce système continue à fonctionner, mais différemment, avec une répartition qui devient de moins en moins équitable, et aux extrémités les privilégiés et les recalés. Les retraites, c’était comme la sécu un beau rêve humaniste décidé après la Libération par le Conseil national de la résistance. Beaucoup de travailleurs ayant sué de leur corps ou donné de leur personne ont pu bénéficier d’une pension de retraite, sans doute restreinte aux débuts, mais suffisante pour mener une fin de vie sans être dans le besoin comme on dit.
Les retraites ont ensuite augmenté, permettant à un grand nombre d’agrémenter leur existence du troisième âge avec des petits plaisirs, de quoi s’offrir un peu de superflu. Inutile de servir quelques images poétiques très convenues de la vieille dame qui va chez son boucher pour s’acheter un tournedos savoureux chaque semaine, ou du senior partant à la pêche ou encore d’autres situations déclinables à l’infini et pouvant servir de matière à reportage pour le JT de Jean-Pierre Pernaut. Les retraités des années 1970 et des décennies qui ont suivi ont été en général bien « traités » par le système mais avec quelques bémols. Les choses ont commencé par se gâter. Ce système conçu à l’origine pour être social est devenu plus généreux au fil des ans, notamment avec l’abaissement de l’âge de la retraite sous Mitterrand et qui dit généreux dit coûteux. D’où depuis 1990 un déséquilibre entre les répartitions et les cotisations. Et des tas de plans successifs pour revenir à l’équilibre. Le déséquilibre est dû pour une part à l’augmentation de l’espérance de vie et d’autre part à la situation économique. Le reste relève de la mauvaise gestion des comptes publics par les gouvernements successifs.
Rendez-vous à la case 2020, enfin, n’allons pas si vite. Rien ne garantit que le pays fonctionne encore. Disons plutôt 2015, avec certainement un énième plan pour les retraites et la proposition d’un allongement de la durée de cotisation à 44 ans pour un taux plein. On voit bien se dessiner l’injustice croissante de ce système. Nous sommes dans une société de l’accès. Une disparité galopante sépare les individus selon l’accès aux différents dispositifs permettant un bien-être. Accès aux soins, aux lunettes, aux couronnes dentaires, aux vacances, aux spectacles, à la culture, à la gastronomie… Tout reposant en dernier ressort sur l’accès fondamental permettant...
Lire la suite