Le collectif We are not #dindons, créé pour protester contre le projet de loi de finances du gouvernement, qui prévoit l’augmentation massive des charges sur les métiers de l’aide à domicile, vient de lancer une pétition demandant l’annulation de cette loi qui "va entraîner la destruction de dizaines de milliers d'emplois et va compliquer la vie de millions de familles, sans aucun bénéfice social ou fiscal". Le gouvernement Ayrault au sommet de son art...
Après les "pigeons", c’est au tour des "dindons" de faire entendre leur mécontentement. Qui se cache derrière ce collectif réunissant femmes de ménage, nourrices ou aidants pour personnes âgées ou handicapées ? Les membres de We are not #dindons se définissent comme tel :
"Nous les nourrices, femmes de ménage, professeurs particuliers, aides des personnes âgées ou handicapées, jardiniers, réparateurs... voulons continuer à travailler légalement et à un prix supportable pour faciliter la vie de nos clients, parents, enfants et personne âgées.
Nous mères et pères de famille avons absolument besoin de cette aide pour continuer à travailler et élever nos enfants dans les meilleures conditions. Et la plupart d'entre nous ne pourrons pas assumer une augmentation de 25 à 40% du coût horaire de ces aides."
Pourquoi ce projet de loi est-il si contesté ?
Le principe de la mesure est simple : il s’agit de refiscaliser le travail à domicile et de faire payer des charges à ceux qui font appel à ce genre de services, sous prétexte qu’il s’agirait d’une niche fiscale.
Or, qui est concerné par les services à domicile ? Tout le monde, et particulièrement les classes moyennes. Tout ceux qui font appel à une nounou pour leur enfants, à une femme de ménage, à un aide à domicile pour les personnes âgées ou handicapées... De nombreuses femmes ont pu notamment s’émanciper et trouver du travail en faisant appel à des nounous pour garder leurs enfants. Avec les nouveaux tarifs, cela ne sera plus possible…Les emplois à domicile ne sont pas une niche fiscale, mais un trésor social ! », considèrent les auteurs de la pétition.
En gros, alors que le gouvernement Ayrault souhaite défiscaliser les œuvres d’arts pour les collections privés de Laurent Fabius, d’Anne Sinclair et de tous les milliardaires amateurs d’arts, il refuse de défiscaliser un jardinier, une nounou, une femme de ménage ou un aide à domicile pour les personnes âgées...
Le pire est sans doute que cette mesure absurde a un effet pervers bien connu de tous les analystes : il favorise le "travail au gris", c'est-à-dire un mélange entre un peu de travail déclaré, afin que les employés bénéficient des prestations sociales, avec du travail au noir, pas déclaré, afin de ne pas trop payer de charge. Au final, cette mesure censée faire gagner de l'argent à l’État lui fera perdre plusieurs dizaines de millions d’euros de manque à gagner sur les recettes fiscales du travail qui ne sera plus déclaré.
On part d'une mesure de rigueur budgétaire et on finit par faire perdre de l’argent aux finances publiques. Quand l'idéologie est privilégiée au pragmatisme, la gouvernance confine à la bêtise...
De plus, les petits employés se retrouveront donc dans une situation précaire (pour ceux qui ne perdront pas leur travail), à moitié hors la loi et soumis aux éventuels abus de...
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