Paradis fiscal, enfer social
Mercredi, 20 mars 2013
Même adoucie, la taxe sur les dépôts bancaires, imposée la semaine dernière par Bruxelles pour sauver les établissements financiers de l’île, a été rejetée hier soir par le parlement chypriote. Face au mécontentement populaire, la coalition de droite a cédé. Faut-il pour autant s’en réjouir?
La réponse mérite d’être nuancée. La proposition de cet impôt sur la fortune, aussi modeste soit-elle, était à placer dans son contexte. Depuis une décennie, Chypre nargue ses voisins en pratiquant un dumping fiscal éhonté, accueillant les yeux fermés des milliards d’euros en provenance du Golfe et de Russie.
Blanchisserie en gros, l’île s’est laissée griser par cet argent facile. Des sommes colossales que les banquiers chypriotes ont imprudemment prêtées, notamment pour spéculer sur la dette grecque, dès l’éclatement de la crise chez leur malheureuse voisine. On en rirait…
Dans d’autres pays, le sauvetage des banques s’est fait exclusivement sur le dos des contribuables. A Chypre, les réfugiés fiscaux étaient aussi appelés à contribuer. Avec la seconde mouture de la taxe, proposée hier par le gouvernement, les épargnants possédant moins de 20 000 euros étaient exonérés. Alors que ceux disposant de plus de 100 000 euros étaient taxés à près de 10%.
Que se passera-t-il désormais? Le gouvernement va-t-il renoncer à renflouer massivement ses banques, mesure inique et économiquement absurde? Il revient aux...
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