Lettre ouverte à François Hollande
par Fergus mardi 26 mars 2013
Mon cher François,
Je me rends parfaitement compte qu’il peut paraître cavalier, voire irrespectueux si l’on se réfère aux traditions protocolaires, de m’adresser ainsi à votre éminente personne. N’y voyez pourtant pas de familiarité excessive, mais l’expression d’un homme normal qui s’adresse à un autre homme normal entré dans son quotidien, fût-il citoyen-président de la République. Qui plus est, j’éprouve à votre égard une sincère sympathie. Comment pourrait-il en aller autrement, eu égard à votre bonhommie naturelle et à votre penchant pour l’humour qui tranchent avec le passé élyséen récent ? Sur le plan du comportement, vous incarnez en effet de manière évidente une rupture avec votre agité prédécesseur, ce président au parler vulgaire et aux allures de chef de clan qu’un ego hypertrophié – à la limite de la pathologie – a conduit à maints excès ayant précipité sa chute.
Le problème est que cette rupture n’a porté, depuis votre élection, que sur les aspects comportementaux. Pour ce qui est de la politique mise en œuvre, force est de reconnaître que notre pays reste sur la même ligne que précédemment, à savoir une ligne libérale et soumise aux diktats d’une Union Européenne mercantile, si largement au service des banquiers et des industriels quand elle l’est si peu au service des peuples. Certes, il existe des différences entre la gouvernance de l’UMP et celle du PS, mais elles ne se manifestent qu’à la marge, ou sur des sujets sociétaux d’un intérêt très secondaire en période de crise économique. Résultat : les classes populaires et moyennes n’entrevoient pas la moindre amélioration de leur condition. Pire : elles se sentent abandonnées par les élites politiques et livrées aux seuls appétits d’une oligarchie vorace et sans scrupule. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de voir le score du Front National enfler de manière spectaculaire comme cela a été démontré dimanche dans la circonscription de Beauvais.
« La panne de croissance est là, qui nous impose des décisions difficiles en matière budgétaire », me rétorquerez-vous. À ce détail près que, dans le sillage de l’exécutif précédent, vos choix économiques, pour complaire aux marchés et aux agences de notation, vous portent principalement vers la régression sociale pour tenter de trouver les milliards qui font défaut, et cela alors que, année après année, la paupérisation croissante augmente de manière dramatique le nombre de nos compatriotes en situation de pauvreté effective. Dans le même temps, vous continuez de sanctuariser d’énormes gisements d’économies représentés, ici par des dizaines de niches fiscales scandaleuses, là par la pérennité de très nombreux comités Théodule aussi coûteux qu’inutiles et où pantouflent douillettement les bons amis, ailleurs par le maintien d’avantages exorbitants à des pléthores d’élus plus...
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