Certains observateurs soulignent que pour sortir nos économies du marasme dans lequel elles sont tombées, les dirigeants politiques et autres puissants de ce monde pourraient s’entendre sur un certain « sacrifice » de la classe moyenne, en sabotant plus ou moins volontairement l’Etat-providence et en organisant la répression financière des ménages.
La théorie historique veut que les périodes de prospérité économique favorisent l’émergence d’une classe moyenne, une vaste portion de la population à qui son revenu permet d’accéder à un relatif bien-être, de sortir de la misère. L’émergence de cette classe moyenne est attestée dans le passé : population urbaine de l’empire romain du début de l’ère chrétienne, bourgeoisie proto-industrielle de la fin du XVIIIème, plus récemment classes moyennes issues de la tertiarisation des économies occidentales.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale se sont succédé deux cycles d’une trentaine d’années. La première période (1945-1975) que l’on désigne par le joli nom de « trente-glorieuses » a vu fleurir une prospérité économique et sociale inouïe, sur fond de reconstruction de l’Europe pour tourner le dos à la pire guerre dans l’histoire de l’humanité.
Naissance et mort de la classe moyenne
Grâce à une croissance ininterrompue et des règles du jeu très libérales, nos sociétés ont pu s’installer à l’abri de puissants Etats-providence. Le modèle consumériste dominant alimenté par la fuite en avant de la techno-science ont fait prospérer les effectifs et aiguiser les appétits d’une classe moyenne toujours plus nombreuse, laborieusement occupée à singer l’american-way-of-life.
Indispensable pour préserver la domination économique absolue d’une petite élite, la moyennisation de l’ensemble des sociétés occidentales a gonflé un ventre mou de la pyramide sociale. Incapables de résister aux multiples corporatismes, les Etats démocratiques en sont venus à organiser une vaste redistribution, garantissant aux classes productives un statut « toujours-plus » avantageux (accès aux soins, éducation, équipement individuel, protections sociales).
L’asservissement par la dette
Drogués à l’idéal du progrès permanent, les classes moyennes ont prospéré pendant trente ans, bénéficiant d’une croissance ininterrompue de leur confort individuel et collectif, l’Etat-providence s’employant à développer pour elles un épais filet stabilisateur, en vue d’assurer bien-être individuel et satisfaction des exigences de sa classe laborieuse. La portion congrue étant...
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