Le Monde.fr | 24.10.2012 à 20h31• Mis à jour le 24.10.2012 à 21h44
Par Mathilde Damgé
Situation inédite sur le front de l'interventionnisme. L'Etat a annoncé mercredi 24 octobre qu'il apportait sa garantie à hauteur de 7 milliards d'euros au pôle bancaire de PSA Peugeot Citroën et qu'il plaçait en échange un administrateur "indépendant" au conseil de surveillance du groupe, selon le premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
"L'Etat nous permet de sécuriser le financement pour les trois prochaines années [...]. Il est normal qu'il y ait des contreparties", a confirmé de son côté Philippe Varin, le président du directoire de PSA, qui a parlé d'un membre du conseil de surveillance "indépendant avec un lien plus particulier avec l'Etat".
"Le concept d''administrateur indépendant lié à l'Etat' est intéressant, raille Jean-Clément Texier, banquier d'affaires indépendant. Que les pouvoirs publics demandent à nommer une personnalité qualifiée, soit. Mais, si elle est liée à l'Etat, elle ne peut pas être indépendante, par définition. S'il s'agit d'un membre de l'Agence des participations de l'Etat [l'organisme chargé d'exercer la fonction d'actionnaire de l'Etat], ce sera une première !"
Pour M. Texier, la réaction des marchés (l'action est tombée au plus bas en près de trente ans) traduit une inquiétude compréhensive : "Les Anglo-Saxons se demandent : à quand la nationalisation ? A qui cet administrateur va rapporter ? A quel ministre ? A l'industrie ? Aux finances ? Au redressement productif ?..."
INTRUSION DANS LE CÉNACLE FAMILIAL
Jusqu'à présent le conseil de surveillance était composé de membres de la famille Peugeot et d'administrateurs indépendants. L'annonce d'une intrusion dans ce cénacle familial a précipité le recul du titre, les investisseurs humant des relents d'un interventionnisme d'Etat dans la gestion d'un groupe privé.
De fait, il s'agit de la plus importante dans le secteur depuis celle de 2009 quand l'Etat avait prêté 6,5 milliards d'euros à PSA et Renault pour financer l'innovation. En échange, Carlos Ghosn et Christian Streiff, respectivement PDG de Renault et président de PSA, avaient signé une lettre d'engagement en matière d'emploi, d'investissement et d'une...
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